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du Chev. Grandisson.

de sa commission. Je n’ai pas été peu surprise, mais en me confessant qu’elle l’étoit aussi, & que le compliment de ma Grand-mere lui avoit paru venir de l’excès de sa joie, elle m’a fait remarquer qu’il étoit trop tard pour s’y refuser. Quoi ! Madame, n’ai-je pas laissé de répondre, vous me menez à Sir Charles sur sa demande, comme s’il s’attendoit à se voir suivi ? Voyez déjà comment mon Oncle me regarde. Tout le monde a les yeux sur moi. Nous nous verrons, s’il est nécessaire, dans l’après-midi, comme par accident, mais j’aimerois mieux que vous & ma Grand’Mere, vous fussiez présentes. Mon dessein n’est pas de donner dans l’affectation. Je connois mon cœur, & je ne veux pas le déguiser. Il peut arriver des circonstances où j’aurai besoin de vous. Je serai embarrassée ; je n’ose me fier à moi-même.

Peut-être souhaiterois-je, m’a dit ma Tante, que le compliment n’eût pas été fait. Mais, ma Niece, il faut me suivre. Je l’ai suivie, avec un peu de répugnance néanmoins, d’un air assez déconcerté, comme Lucie m’en assure, pour faire connoître à tout le monde que je sortois pour être engagée dans un tête-à-tête avec Sir Charles. Ma Tante m’a menée jusqu’à mon Cabinet, & m’y a fait asseoir. Elle alloit me quitter : Fort bien, Madame, lui ai-je dit. Je dois apparemment rester ici jusqu’à ce qu’il plaise à Sir Charles de venir. Clémentine en auroit-elle fait autant ?