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Histoire

comme M. Fenwick le rapporte d’après lui-même, le rendant fort dangereux, Sir Charles mit l’épée à la main… Je ne sais que me défendre : Greville, vous êtes mal en garde ; & par une passe qui le rendit maître de son épée, sans allonger un seul coup, il la lui fit sauter du poignet. Vous voyez ce que je puis, dit-il, en lui mettant sur l’estomac la pointe de la sienne. Recevez la vie & votre épée ; mais par prudence ou par honneur, ne tentez plus votre sort.

Me revois-je Maître de mon épée, & sans blessure ? L’action est généreuse. À ce soir, dites-vous ?

Je répete encore que je serai ce soir à vos ordres, soit chez vous-même, ou dans cette Hôtellerie. Mais ne me parlez pas de duel, Monsieur, si vous connoissez mes principes !

Comment est-il possible ! (en jurant.) Comment oublierai-je cette cruelle aventure ?… Ne m’exposez pas au Château de Selby… Comment, Diable, est-il possible ! Nous nous reverrons ici ce soir. Il se retira d’un air consterné.

Sir Charles, au lieu de retourner droit à sa voiture, monta dans son appartement, écrivit son billet d’excuse à ma Tante, parce qu’il étoit trop tard pour arriver ici à l’heure qu’il s’étoit proposé ; & se trouvant un peu ému, comme il n’a pas fait difficulté de nous l’avouer, il prit l’air dans son carrosse jusqu’à l’heure du dîner.

Quelles auroient été nos alarmes, si nous