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cause depuis si long-temps ; je supplie le Ciel de me donner la force de leur obéir. Cependant, si cet effort m’est impossible, serai-je encore pressée, encore persuadée ? J’espere que non. Enfin je m’efforcerai de me déterminer à l’obéissance ; mais quel que soit le succès de mes combats, Grandisson doit donner l’exemple. »

Combien nous sommes-nous félicités, cher Ami, en lisant cette déclaration, quoiqu’elle ne donne encore que de si foibles espérances ? Toutes nos mesures se réduisent maintenant à la traiter avec tant de douceur, qu’elle ne puisse changer de résolution. Nous ne lui proposerons pas même de voir la personne que nous favorisons, sans être bien sûrs que vous lui donnerez l’exemple : & s’il existe en effet une femme assez aimable, pour vous faire espérer d’être heureux avec elle, cette raison, soutenue par les soins d’un homme tel que vous, ne peut-elle pas être un motif pour l’engager ?

Comme il n’y a plus d’espérance, mon cher Grandisson, que vous deveniez mon Frere par le mariage, je ne vois dans le monde entier, que le Comte de Belvedere, à qui je puisse souhaiter d’appartenir à ce titre. Il est Italien. Ma Sœur, qui nous a toujours été si chere, ne s’éloignera point de nous. Il sait de quel malheureux état elle est sortie ; & loin de s’en faire une objection, il se seroit cru le plus heureux des hommes, d’obtenir sa main, dans le fort même de sa maladie,