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mon Pere, en quittant sa posture, & lui faisant quitter la sienne. Mais quelques nouvelles qu’elles puissent apporter, souvenez-vous, très-chere Fille, que je suis votre Pere, un Pere indulgent, & que je souhaite d’être obligé. Quoi ! reprit le Général, cette bonté paternelle ne fera point d’impression sur vous ? Votre Pere, votre Mere, vos Freres, nous sommes prêts à nous jetter tous à vos pieds. Serons-nous tous méprisés ? Un Étranger, un Anglois, un Hérétique ; oui, tout grand, tout noble qu’il est, un Hérétique ; un homme encore que vous avez glorieusement refusé, emportera-t-il la préférence sur votre Famille entiere ? Et souvenez-vous, ma Sœur, interrompit le Prélat, que vous connoissez déja son sentiment. Il vous l’a marqué en quittant l’Italie. Croyez-vous que le Chevalier Grandisson puisse en changer, après une explication si formelle ?

Elle répondit qu’elle ne se sentoit pas bien ; qu’elle se trouvoit coupable, de résister aux volontés d’un Pere & d’une Mere, & qu’elle ne pouvoit disputer contre ses Freres ; mais qu’elle ne se sentoit pas bien. Elle pria ses Freres de l’épargner ; & revenant à demander du tems, elle conjura son Pere de lui accorder cette grace. Ma Mere, craignant une rechute, lui permit de se retirer, en ajoutant qu’on ne pensoit point à forcer ses volontés, & qu’on ne vouloit employer que la persuasion. Elle se retira, mais ce fut pour chercher Madame Bémont ; & se jet-