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du Chev. Grandisson.

bre, on lui fit proposer d’y venir ; elle vint : nous réunîmes nos instances. Le Général fut d’abord le plus pressant, il fut secondé par le Prélat ; la jeune Marquise fit le troisieme rôle. Ma Mere, prenant les mains de sa Fille entre les siennes, ne put faire entendre que des soupirs, & votre Jeronimo ne s’expliqua que par des larmes ; mais pour derniere scene, mon Pere mit un genou à terre devant elle : ma Fille, lui dit-il, mon cher Enfant, obligez-moi.

Elle se laissa tomber à genoux : Ô mon Pere ! s’écria-t-elle, quittez cette posture, ou je meurs à vos pieds. Non, ma Fille, jusqu’à ce que vous ayez consenti à m’obliger. Mon Pere ! le plus indulgent de tous les Peres ! accordez-moi du moins quelque temps. Le Général croyant remarquer dans cette demande une flexibilité qu’elle n’avoit pas encore fait voir, la pressa de se déterminer sur le champ. Un Pere, lui dit-il, se sera-t-il humilié en vain ? Une Mere aura-t-elle fait parler inutilement ses pleurs ? C’est à ce moment, ma Sœur, qu’il faut se rendre, ou… Il s’est arrêté, en la regardant d’un œil fier. Prenez patience, a-t-elle dit timidement, jusqu’aux premieres Lettres du Chevalier, elles ne peuvent tarder long-temps : & portant la main à sa tête… levez-vous, mon Pere, ou j’expire à vos pieds.

Il me sembla que le Général alloit trop loin. Je demandai que les premieres Lettres fussent attendues. Eh bien ! j’y consens, dit