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Histoire

toute ma considération & ma tendresse, dois-je souhaiter, quand j’en aurois l’espérance, d’engager le cœur de Miss Byron ? Pourrois-je me croire heureux du succès ? Ne seroit-ce pas manquer de reconnoissance pour l’une & de générosité pour l’autre ? Le bonheur de Miss Byron ne peut dépendre de moi. Elle ne doit en attendre que d’un homme de son choix, tel qu’il puisse être.

Nous gardions toutes trois un profond silence. Ma Grand’Mere & ma Tante paroissoient déterminées à le garder ; & moi, je n’aurois pu le rompre. Sir Charles a continué.

Vous ne savez pas, chere Miss Byron, qu’en me séparant de vous pour le voyage d’Italie, je n’aurois pas voulu que vous connussiez les agitations de mon cœur. Je ne voyois que de l’incertitude dans ma destinée. On m’invitoit à partir : la guérison du Seigneur Jeronimo étoit désespérée. Il souhaitoit mourir, & ne desiroit la prolongation de sa vie que jusqu’à mon arrivée. Ma présence étoit demandée comme une derniere tentative pour le rétablissement de sa Sœur. Vous-même, Mademoiselle, vous applaudissiez au dessein où j’étois de partir : mais pour n’être pas soupçonné, dans ces circonstances, de vouloir vous engager en ma faveur, j’insinuai que j’étois sans espérance de vous appartenir jamais par d’autres liens que ceux de l’amitié.

Il me fut impossible de prendre congé de