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du Chev. Grandisson.

N’êtes-vous pas persuadée, ma Fille, que votre Foi auroit été dans un grand danger, si nous avions accepté les ouvertures de M. Grandisson.

Pourquoi ! Madame ? Non assurément. Ne pouvois-je pas espérer de le convertir, comme il auroit espéré de m’entraîner dans ses erreurs ? Je fais gloire de ma Religion, Madame.

Il n’a pas moins d’attachement pour la sienne, ma chere.

C’est sa faute, Madame. Chevalier ! [En s’avançant vers moi] votre obstination est extrême. Je me flatte que vous ne nous avez point entendues.

Vous vous trompez, ma chere ; il n’a pas perdu un mot, & je n’en suis point fâchée.

Plût au Ciel, Madame, dis-je alors à la Marquise, que je pusse espérer de vous un peu de faveur ! Quelques mots échappés à l’aimable Clémentine me donneroient la hardiesse…

N’en concluez rien, Monsieur, interrompit Clémentine en rougissant. Je ne suis pas capable de balancer sur l’intérêt de mon salut.

Je priai sa Mere de s’éloigner un moment avec moi : Au nom du Ciel, Madame, lui dis-je avec toute l’ardeur que je pus mettre dans le ton de ma voix, ne vous opposez point à mes présomptueuses espérances. Ne remarquez-vous pas déja quelque changement dans l’état de votre chere Fille ? Ne