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du Chev. Grandisson.

ait paru juste : n’est-il pas vrai ? Répondez, Monsieur. Ensuite se tournant vers sa Mere : le pauvre Chevalier a perdu la voix, Madame. Cependant il n’a personne qui le tourmente. Je le vois triste ! Eh bien, Monsieur, en se tournant vers moi, cessez d’être triste… Cependant l’homme qui m’a refusée… Ah Chevalier ! de votre part le trait est bien cruel ! Mais j’ai pris aussi-tôt le dessus. Vous voyez combien je suis tranquille à présent. Ne sauriez-vous l’être autant que moi ?

Que pouvois-je répondre ? Je n’avois point d’effort à faire pour la calmer lorsqu’elle vantoit sa tranquillité. Je ne pouvois entrer en raisonnemens avec elle. Si mon projet de conciliation eût été reçu, je me serois livré aux plus tendres expressions. Mais jamais homme, avant moi, s’est-il trouvé dans une si malheureuse conjoncture ? Pourquoi toute la Famille n’avoit-elle pas renoncé à me voir ? Pourquoi Jeronimo n’avoit-il pas rompu avec moi ? Pourquoi cette excellente Mere continuoit-elle de me lier par la plus tendre estime, & d’engager tout à la fois ma reconnoissance & mon respect ?

Clémentine reprit avec la même douceur : De grace, Monsieur, dites-moi comment vous avez pu être assez injuste, pour espérer que j’abandonnerois ma Religion, lorsque vous êtes si ferme dans la vôtre. N’y avoit-il pas beaucoup d’injustice dans cette espé-