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Histoire

jette tant de trouble dans sa Famille, doit effrayer un homme capable de réflexion. Cependant il semble que la Religion est votre prétexte. Je suis fâchée de vous voir obstiné. Vos lumieres me donnoient plus d’espérance. Mais vous avez été mon Précepteur, Chevalier, voulez-vous que je vous rende le même office ?

Je vous promets beaucoup d’attention, Mademoiselle, pour toutes les instructions dont votre bonté veut m’honorer.

Mais permettez, Monsieur, que je console ma Mere. Elle alla se mettre à genoux devant la Marquise, & prenant ses deux mains dans les siennes, elle les baisa l’une après l’autre. Consolez-vous, maman. Pourquoi pleurez-vous ? Je suis bien. Ne voyez-vous pas que j’ai l’esprit libre ? Accordez-moi votre bénédiction.

Que le Ciel bénisse ma fille !

Elle se leva fort légérement, & revenant vers moi : vous paroissez triste, Monsieur, vous êtes taciturne. Je ne veux point de tristesse, mais je consens que vous gardiez le silence. Un Disciple a besoin d’attention. Je n’en ai jamais manqué pour vous.

Après avoir médité quelques momens, elle détourna la tête en portant la main à son front. J’avois mille choses à vous dire, Chevalier, mais je ne retrouve rien dans ma mémoire. Aussi, d’où vient cet air de tristesse ? Vous connoissez votre propre cœur, & vous n’avez rien fait qui ne vous