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Histoire

sang lorsqu’il eut joint ses prieres à celles de la Marquise. Ce détail n’est pas sans agrémens pour ceux qui les aiment de cette nature. Clémentine fut saignée dans la chambre de son Frere. On profita de l’occasion pour lui tirer tant de sang, que s’étant évanouie, elle fut transportée dans son appartement, où sa Mere la suivit.

Le Chevalier continue :

Une autre scène ne fut pas long-temps à succéder. Camille vint nous avertir que le Général étoit arrivé, & qu’il s’arrêtoit à déplorer avec la Marquise, le misérable état de sa Sœur, qui étoit tombée dans un second évanouissement. Il sera bientôt ici, me dit Jeronimo : êtes-vous disposé à le voir ? Je lui répondis que son Frere ayant peut-être appris où j’étois, je ne pouvois sortir sur le champ sans quelque apparence d’affectation, mais que s’il tardoit un peu, j’étois résolu de me retirer. À peine cessois-je de parler, qu’il entra seul, en s’essuyant les yeux. Votre serviteur, Monsieur, me dit-il d’un air fort sombre : & se tournant vers son Frere, il lui demanda des nouvelles de sa santé. Nos chagrins communs, ajouta-t-il, ne sont pas propres à la rétablir. J’ai vu Clémentine. Qui diable auroit cru que le mal fût si profond ? Et s’adressant à moi : en vérité, Monsieur, vous devez vous applaudir de votre triomphe. Le cœur de Clémentine n’est pas une conquête vulgaire. Sa naissance… Je l’interrompis : il me sem-