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plus long-temps. Elle cacha son visage dans mon sein. Elle soupira. Chere Clémentine ! Qu’elle poussa de soupirs, & que j’en fus attendrie !

Vous n’ignorez rien à présent, Madame, de ce qui s’est passé entre votre aimable Fille & moi. Jamais il n’y eut de combat si noble entre le devoir & l’amour, quoique son cœur soit trop tendre, & le mérite de l’objet trop éclatant, pour vous laisser l’espérance d’une heureuse révolution. Elle a paru craindre que je ne vous informasse de toutes ces circonstances. Elle n’osera lever les yeux, dit-elle, devant son Pere & sa Mere. Elle appréhende encore plus, s’il est possible, qu’on n’informe son Confesseur de l’état de son ame & de la cause de sa maladie. Mais je lui ai représenté qu’il étoit absolument nécessaire que sa Mere n’ignorât rien, pour être en état de faire un bon choix du remede.

J’appréhende, Madame, que cette guérison ne devienne impossible par toute autre voie que la satisfaction de son cœur. Cependant si vous parvenez à vaincre les objections de votre Famille, peut-être aurez-vous encore à combattre votre Fille même, c’est-à-dire, ses scrupules de Religion, pour lui faire accepter le seul homme qu’elle puisse aimer. Vous prendrez conseil de votre sagesse : mais quelque parti que vous embrassiez, il me semble qu’elle doit être traitée avec beaucoup de douceur. Comme