Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
du Chev. Grandisson.

de ses réponses, d’employer mon crédit auprès de sa Famille, pour lui faire obtenir la permission d’entrer dans un Cloître, & que j’avois fortement combattu cette idée, elle se plaignit de la résistance que je faisois à ses desirs. Vous savez, Madame, dit-elle à sa Mere, que c’est un ancien goût, que je n’ai jamais perdu : & se tournant vers moi ; Ô Chevalier, vos objections ne m’ont pas convaincue.

Non, Mademoiselle, je le vois bien : car si Clémentine étoit convaincue, elle suivroit à toute sorte de prix le mouvement de sa conviction.

Ô Monsieur, vous êtes dangereux, je m’en apperçois. Si certain événement étoit devenu réel, j’étois perdue. N’êtes-vous pas convaincu, Monsieur, que dans mes principes j’étois absolument perdue ? Si vous l’êtes, j’espere que vous agirez aussi suivant votre conviction.

Il me semble, cher Docteur, que me connoissant si bien, elle pouvoit s’épargner cette réflexion badine. Elle a même souri en la prononçant. Remarquez qu’elle est déja capable d’enjouement, dans une occasion si grave. Peut-être a-t-elle voulu prendre un air qu’elle me voyoit affecter moi-même. Mais enfin, je commence à croire, quelqu’éloignée qu’elle soit à présent de se l’imaginer, qu’il n’est pas impossible qu’avec le tems elle ne se laisse amener au sentiment de son devoir, lorsqu’il lui sera représenté