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du Chev. Grandisson.

Il m’est permis de vous admirer, de me croire honoré de votre estime, & même d’un sentiment plus flatteur encore ; tandis qu’il m’est défendu, par l’honneur, de solliciter un bien qui m’étoit autrefois destiné, & dont on ne peut m’accuser de m’être rendu indigne. Suis-je différent de ce que vous m’avez cru, dans mes manieres ou dans mes principes ? Ai-je jamais tenté de combattre vos gouts, pour votre Religion & votre Patrie ? Non, Mademoiselle. Vous connoissant un invincible attachement à votre foi, je me suis contenté de vous déclarer la mienne : j’aurois cru reconnoître mal la protection que j’ai trouvée ici, dans le pouvoir Civil & Ecclésiastique, & manquer aux loix de l’hospitalité, si j’avois entrepris de dérober à sa Religion, la Fille d’une illustre Famille, qui n’y est pas moins attachée. Comment cette conduite vous a-t-elle permis de douter du libre exercice de vos sentimens, si vous aviez… Mais loin toutes sortes de plaintes. J’étoufferai, dans mon cœur, celles qu’il voudroit dicter à ma plume. Ne vous ai-je pas dit que je veux être tout ce que vous voulez que je sois ? Quelque peine qu’il m’en coûte, quelque impossible que fût l’effort, s’il ne m’étoit pas ordonné par la conscience, je me soumets à vos dispositions. Si vous perséverez, chere & respectable, comme vous me le serez toujours, je me résigne à toutes vos volontés.

Un cœur, qui perd ce qu’il pouvoit espé-