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du Chev. Grandisson.

mais le Marquis lui a fermé la bouche, en disant qu’on pouvoit se reposer sur mon honneur & sur ma délicatesse. J’en juge de même, a dit le Comte : on sait que le Chevalier est capable de se mettre dans la situation d’autrui, & d’oublier ses intérêts, lorsqu’il est question de prendre un parti sage. Il est vrai, a interrompu Jeronimo, mais faisons-lui connoître qu’il n’est pas le seul au monde qui pense avec cette noblesse. Le Prélat s’est hâté de répondre : d’accord, cher Jeronimo, mais souvenez-vous que la Religion est un intérêt supérieur à tous les autres. Ma Sœur, qui n’a fait que suivre l’exemple du Chevalier, sera-t-elle découragée dans un effort si noble ? Je suis pour la proposition qui réduit les choses à l’égalité.

Pour moi, si la noble Enthousiaste persiste à croire que sa résolution vient d’un mouvement du Ciel, & qu’elle en a l’obligation à ses prieres, je m’efforcerai de lui marquer, quoi qu’il m’en coûte, & contre mes intérêts, que je suis capable de répondre à l’opinion qu’elle a de moi, lorsqu’elle demande mon secours pour se soutenir.

Ils m’ont forcé de demeurer à dîner. Clémentine s’est excusée de paroître à table, mais elle m’a fait prier de ne pas sortir sans la voir.

Camille m’a conduit à sa chambre. Je l’ai trouvée toute en larmes. Elle craignoit, m’a-t-elle dit, que je n’eusse peine à lui pardonner, mais elle étoit sûre que j’aurois cette