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Histoire

sortir, nous avons continué long-tems de raisonner sur les circonstances : ils jugeoient tous, comme je vous l’ai dit, qu’elle ne persisteroit pas dans sa nouvelle résolution. L’opinion du Marquis & de la Marquise étoit de l’abandonner entiérement au travail de son esprit. Le Comte a proposé, pour fortifier leur sentiment, de la laisser donc dans son Cabinet, sans que personne entreprît de combattre, ou de favoriser ses vues. Jeronimo a desiré qu’avant l’exécution de ce projet, il lui fût permis d’avoir, avec sa Sœur, une conversation particuliére.

On m’a demandé quelle étoit mon opinion ? J’ai répondu, que plusieurs traits de cet Écrit étoient d’une nature, qui ne me permettoit pas de refuser mon approbation à ce qu’on proposoit ; mais que si j’observois néanmoins, dans mes entretiens avec elle, qu’elle fût disposée à changer de résolution, & qu’elle n’eût besoin que d’être encouragée, pour se déclarer en ma faveur, on devoit m’accorder, pour mon propre honneur, en qualité d’homme, & par égard pour sa délicatesse en qualité de femme, la liberté de faire éclater mon attachement, par quelque déclaration qui prévînt la sienne, & par des instances, même, convenables à mon sexe.

La Marquise s’est baissée vers moi, avec un sourire de reconnoissance & d’approbation. Le Pere Marescotti a paru hésiter, comme s’il eût préparé quelque objection :