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Histoire

Que devenoit ma résolution ? car ma Mere pouvoit les joindre, & j’étois au Chevalier.

Jeronimo, en silence, mais les larmes aux yeux, avoit été témoin de cette Scene entre sa Sœur & moi. Il m’a serré dans ses bras. Le plus cher des hommes ! eh ! pourrez-vous attendre avec patience le résultat du caprice de cette chere Fille ?

Je le puis, & je m’y engage.

Je lui parlerai moi-même, a-t-il dit, & je me promets beaucoup de sa tendresse pour moi.

Oui ; nous lui parlerons tous, a dit le Marquis.

l faut la presser, a dit le Comte ; de peur que son repentir ne vienne trop tard.

Mais il me semble, a dit le Pere Marescotti, que le Chevalier ne doit pas souhaiter lui-même qu’elle soit trop pressée. Elle se retranche sur son salut : raison bien puissante, qui demande beaucoup de ménagement. Je doute néanmoins qu’elle soutienne sa résolution. Si son courage la rend capable de cet effort, elle mérite les honneurs de la sainteté.

Le Pere a voulu relire l’Écrit, qui lui avoit déja causé de l’admiration. Je l’avois dans ma poche. Jeronimo s’est opposé à cette proposition ; mais le Prélat l’approuvant, l’Écrit a été relu. Tout le monde en a paru aussi touché que la premiere fois. Cependant on s’est accordé à douter qu’elle pût demeurer ferme dans ses idées ; & l’on