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du Chev. Grandisson.

Je me suis mise dans la situation d’une autre, qui se trouvant dans les mêmes circonstances, seroit venue prendre mon conseil. Une alliance avec le Chevalier m’a paru impossible, parce qu’il n’y a nulle apparence qu’il s’accorde jamais avec moi, sur le plus important des articles. J’ai imploré le secours du Ciel, parce que je me défiois de moi-même ; j’ai changé plusieurs fois ce que j’avois écrit : mais tout ce qui est sorti de ma plume s’est rapporté à la même conclusion. Comme rien n’étoit si contraire à mes propres désirs, j’ai pris cette constance d’idées pour une réponse du Ciel à ma priere. Cependant j’ai douté encore de moi. Mais je n’ai pas voulu vous consulter, Madame, parce que vous vous seriez déclarée pour le Chevalier : j’aurois craint de répondre mal à l’inspiration divine, par laquelle j’étois résolue de me gouverner. J’ai déguisé mes combats à Camille même, qui ne me quittoit pas un moment. J’ai recommencé à solliciter la pitié du Ciel, pour une malheureuse Fille, attachée de cœur à son devoir, mais troublée dans ses opérations d’esprit. La lumiere m’est venue. J’ai mis au net toutes mes pensées. Ce n’est pas tout d’un coup, néanmoins que je me suis déterminée à les communiquer au Chevalier. Je ne me fiois pas encore à mon cœur ; & j’ai douté si j’aurois jamais la force de lui donner mon Écrit. Enfin, j’en ai pris la résolution. Mais lorsqu’il a paru, le courage m’a manqué. Il a remarquer