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Histoire

» Mais, ô mes chers Parens ! que ferons-nous pour cet excellent homme, à qui nous avons tant d’obligations ! Comment reconnoître sa bonté pour deux de vos enfans ? Ses bienfaits sont un pesant fardeau sur mon cœur. Cependant, qui ne connoît sa grandeur d’ame ? Qui ne sait pas que pour lui, la seule joie de bien faire est une parfaite récompense. Honneur de la race humaine ! es-tu capable de me pardonner ? Mais je sais que tu le peux. Tu as les mêmes notions que moi de la vanité des biens du monde, & de la durée de ceux d’une autre vie. Comment aurois-je la présomption de m’imaginer qu’en te donnant ma main, un Être affoibli, blessé, pût servir à ton bonheur ? Encore une fois, si j’ai le courage, la force de te donner cet Écrit, rends-moi capable, par ton grand exemple, d’achever noblement ma victoire, & ne me réduis point à prendre avantage de la générosité de ma Famille. Mais, après tout, que le choix en appartienne à toi seul, car je ne puis soutenir l’idée de manquer de reconnoissance pour un homme à qui je me dois toute entiere, & qu’il dépende de toi de joindre le nom qu’il te plaît à celui de

Clémentine. »

Jamais il n’y eut d’étonnement comparable au mien. Pendant quelques momens j’ai oublié que l’Ange attendoit, à quatre pas