Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
du Chev. Grandisson.

se voie sacrifiée, comme une victime innocente, sur l’autel d’un amour sans espérance ? Sa situation me perce le cœur. Je ne puis supporter ce triomphe de l’autre sexe, quoique l’homme soit mon Frere. Mais au fond ce n’en est pas un pour lui. Il paroît au contraire, que son cœur, véritablement noble, souffre mortellement de ne pouvoir se donner tout entier à cette excellente Fille.

M. Deane est arrivé ici ce matin. Il est homme de mérite. Dans un moment d’entretien, où il m’a parlé à cœur ouvert, j’ai su de lui que son dessein a toujours été de faire Miss Byron sa principale Héritiere. Il m’a informée de son bien, qui est considérable. Je vois que la vraie politique est d’être bon. Jeunes & Vieux, Riches & Pauvres, tout le monde est idolâtre de Miss Byron.

M. Deane est dans une inquiétude extrême pour sa santé, qui décline visiblement. Il la croit en consomption. Mais nous sommes convaincus, elle-même, & tout autant que nous sommes, que le mal n’est pas du ressort de la Médecine. Elle a feint de la surprise, lorsqu’il s’est expliqué sur ses craintes ; dans la vue, comme elle me l’a confessé, d’éviter les sollicitations d’une tendresse importune, qui voudroit l’engager à des consultations pour une maladie, dont il n’y a que la patience & le tems qui puissent la guérir.

Que va devenir la Signora Olivia, lorsqu’elle sera informée de ce qui se passe à Boulogne ? Elle a ses Émissaires, qui ne lui