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du Chev. Grandisson.

qu’elle n’auroit jamais de goût pour lui. Je lui représentai que le Comte paroissant plaire à toute sa Famille, il me sembloit qu’elle devoit expliquer un peu ses objections. En vérité, ma chere, ajoutai-je, vous n’avez pas sur ce point tout le respect que vous devez à l’indulgence de vos chers Parens.

Elle tressaillit. Ce reproche est dur, me répondit-elle. N’en conviendrez-vous pas, Madame ?

Pensez-y bien, repliquai-je, & si vous le croyez injuste, après une heure de réflexion, je le croirai comme vous, & je vous en ferai des excuses.

Je crains en effet, reprit-elle, d’avoir quelque chose à me reprocher. J’ai les meilleurs & les plus tendres Parens du monde. Mais il y a des particularités, des secrets si vous voulez, qu’on n’est pas bien aise de divulguer. Peut-être aimeroit-on mieux se les voir arracher par la force de l’autorité.

Votre aveu, ma chere, est d’une ame extrêmement généreuse. Si je ne craignois d’être indiscrette…

Oh ! Madame, interrompit-elle, ne me faites point de questions trop pressantes, je serois embarrassée à vous répondre.

Il me semble, ma chere Clémentine, que la communication des secrets est le vrai ciment de la sincere amitié. Arrive-t-il quelque chose d’intéressant ? Se trouve-t-on dans quelque nouvelle situation ? Un cœur fidele