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du Chev. Grandisson.

Ce langage est assez clair, a repris l’incomparable Henriette ; & je vois que tout le monde s’afflige ici pour moi. Ma reconnoissance en est extrême ; & je ne la crois pas moins juste, parce que l’homme est Sir Charles Grandisson. Ainsi, cher Docteur, a-t-elle continué, en mettant la main sur la sienne, il est actuellement marié ! Dieu tout-puissant (en levant affectueusement les yeux vers le Ciel) je vous demande son bonheur & celui de Clémentine. Hé bien, mes chers Amis, que voyez-vous ici de contraire à mon attente ?

Sa Tante l’a tendrement embrassée. Son Oncle, courant à elle, l’a serrée entre ses bras. Sa Grand-Mere, qui étoit assise, a tenu les siens ouverts, & la chere Henriette s’y est précipitée, en mettant un genou à terre. Mais, après avoir fait de nouveaux remercimens à l’assemblée, elle a demandé la permission de se retirer pour quelques momens. Sa Tante l’a retenue par la main, en lui disant que Sir Charles n’étoit pas encore marié, mais… S’il doit l’être, a-t-elle interrompu, ne peut-on pas dire qu’il l’est déja ? Émilie est entrée au même moment. Elle avoit fait un effort pour se remettre de son trouble, & peut-être croyoit-elle avoir retrouvé toute sa présence d’esprit : mais à la vue de sa chere Miss Byron, son courage s’est évanoui. Elle a recommencé à pleurer, à sanglotter. Elle vouloit sortir, pour cacher ses larmes ; lorsque Miss Byron l’arrêtant &