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du Chev. Grandisson.

que j’avois lu dans la derniere des trois Lettres. Le chagrin du Mari a vivement éclaté. Je n’entends point, a-t-il dit, quelle sorte d’honneur peut avoir obligé Sir Charles de partir, à la premiere invitation, après les traitemens qu’il avoit reçus de ces fiers Italiens. Tout le monde auroit prévu que cela ne pouvoit se terminer autrement. Pauvre Henriette ! Quel sort pour la fleur de l’Univers ! Méritoit-elle d’être ravalée au-dessous d’une Précieuse d’Italie ? Ma consolation, c’est qu’elle est supérieure à tous deux. Oui, Madame, je le soutiens. Un homme, fût-il un Roi, qui est capable de préférer une autre femme à notre Henriette, n’est pas digne d’elle.

Il s’est levé ; il a fait plusieurs tours dans la salle, à grands pas & d’un air chagrin. Ensuite se remettant sur sa chaise ; Madame, a-t-il dit à sa Femme, nous allons voir ce que cette dignité de votre sexe, pour laquelle vous avez si souvent plaidé, sera capable de produire dans la plus noble de toutes les ames. Mais hélas ! ce cher Amour trouvera une extrême différence entre la théorie & la pratique.

Lucie pleuroit : sa douleur étoit muette. Madame Selby s’est essuyé plusieurs fois les yeux. Chere Mylady, a-t-elle dit enfin ; comment apprendrons-nous cette nouvelle à Miss Byron ? Il faut qu’elle la sache de vous. Elle aura recours à moi pour se consoler. Un peu de patience, M. Selby ; vous ne