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Histoire

Dans ses plus affligeantes rêveries, vous ne remarquez rien qui puisse vous faire juger qu’elle pense au mariage. Je n’ai, comme je me souviens de vous l’avoir déja dit, qu’un seul desir à présent, c’est de la voir parfaitement rétablie.

Que dire, mon Pere ? que répondre ? a repris la Marquise, en le regardant d’un air affligé. Et se tournant vers moi ; mais vous, Chevalier, aidez-nous de votre conseil. Vous connoissez notre situation. Hélas ! ne nous soupçonnez pas d’ingratitude. Nous sommes persuadés que le salut de notre chere Fille est en danger. Si Clémentine est à vous, elle ne sera pas long-tems Catholique. Encore une fois, aidez-nous.

C’est votre générosité, Madame, qui vous alarme si-tôt pour l’intérêt de votre Fille & pour le mien. Vous dites qu’elle est à moi, si j’insiste aux conditions que j’ai proposées. Le Général a ma parole, que sans le consentement des trois Freres, comme sans le vôtre, Madame, je n’éléverai jamais mes vues à l’honneur de votre alliance : & je vous ai déclaré, à vous-même, que je me regardois comme lié, mais que je vous reconnoissois libres. Si vous jugez qu’en avançant vers sa guérison, Clémentine puisse être portée plus loin, que vous ne le desirez, par un sentiment de reconnoissance pour des services supposés, approuvez que mes visites diminuent par dégrés ; c’est un moyen de la dégager dans ses propres idées, en lui faisant