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Histoire

Cette question m’a paru causer un peu d’embarras au Général. Cependant sa générosité lui a fait répondre, qu’on avoit eu tort, qu’on n’avoit pas pris les bonnes méthodes, & qu’il regrettoit qu’on n’en eût pas cru d’abord le Chevalier Grandisson.

Elle a levé une main avec une espece d’admiration. Bon Dieu ! combien de choses se sont passées ! Monsieur, Monsieur, je suis à vous dans l’instant : & sans lui laisser le tems de répondre, elle a couru vers la porte. Camille l’a suivie, en lui demandant où elle alloit ? Oh ! puisque vous êtes là, Camille, vous irez aussi bien que moi : & mettant la main sur son épaule, allez, lui a-t-elle dit, chercher le Pere Marescotti ; dites-lui… elle s’est arrêtée : ensuite, reprenant, dites-lui que j’ai la plus heureuse idée du monde… & que je me recommande à ses prieres.

Elle s’est rapprochée de sa Mere ; elle a pris sa main, qu’elle a baisée ; & la passant sur son front & sur sa joue avec une douceur enfantine, elle lui a demandé sa tendresse. Vous ne savez pas, Madame, a-t-elle ajouté, & j’ignore aussi ce qui se passe dans ma tête. Que votre chere main me guérisse ! Elle a recommencé à passer la main de sa Mere sur son front ; ensuite elle l’a placée sur son cœur. La Marquise, baisant mille fois sa tendre Fille, a mouillé son visage de ses pleurs.

Camille a demandé au Général, s’il falloit faire appeller le Pere Marescotti. Non, lui