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Histoire

cation. C’est parler noblement, m’a-t-il dit : je vous demande la main, & je fais profession d’être votre Ami.

Que dites-vous de cet orgueil, mon cher Docteur ? Il ne peut digérer qu’un simple Gentilhomme Anglois, car c’est de cet œil qu’il me regarde, s’allie jamais avec sa Famille, quelque peu de vraisemblance qu’il trouve lui-même au rétablissement de sa Sœur. D’ailleurs il aime beaucoup le Comte de Belvedere, & toute la Famille auroit été charmée d’une alliance avec lui.

Le Prélat a paru fort satisfait de nous voir disposés de part & d’autre à vivre en meilleure intelligence. Il m’en a d’autant moins coûté, pour accorder quelque chose à l’orgueil d’autrui, que Madame Bemont avoit eu soin de m’y préparer. Le Pere même & la Mere de cet esprit hautain, craignoient beaucoup de son humeur ; ils apprendront avec joie, que j’ai vaincu si facilement ses préventions.

En se retirant, le Général m’a pris la main, & m’a dit d’un air enjoué : je suis marié, Chevalier ! Aux vœux que j’ai faits pour son bonheur, il a répondu, qu’ils étoient inutiles, & qu’il étoit parfaitement heureux. Ma Femme, a-t-il repris, est tout ce qu’il y a d’aimable au monde. Elle brûle de vous voir. Je suis sans crainte, parce qu’elle est généreuse, & que je serai toujours reconnoissant. Mais veillez sur vous-même, Chevalier ; veillez sur vous, je vous