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du Chev. Grandisson.

d’une aventure qui doit lui causer quelque étonnement : & se tournant vers Sir Charles, nous ne sommes, Monsieur, ni des Assassins, ni des Voleurs ; mais les deux hommes, qui paroissent exciter votre pitié, sont des Infâmes. Quel que soit leur crime, répliqua Sir Charles, nous sommes dans un pays, qui ne manque point de Magistrats pour le maintien de la Justice. Aussi-tôt il aida successivement les deux malheureux à se relever. Ils avoient tous deux la tête ensanglantée, & le corps si brisé, qu’ils ne purent étendre les bras jusqu’à leurs chapeaux, qui étoient à terre autour d’eux. Sir Charles leur rendit ce service. Pendant ce tems-là, un des deux Cavaliers, qui étoient à pied, s’impatientant du délai, cria furieusement qu’il n’étoit pas satisfait de sa vengeance, & se seroit précipité sur les Coupables, s’il n’eût été retenu par ses compagnons. Sir Charles demanda aux deux Anglois s’ils étoient injustement maltraités. Non, répondit un des Assaillans ; ils savent au fond de leur cœur qu’ils sont deux Infâmes. En effet, soit remors ou terreur, ils ne répondirent que par des gémissemens ; & ni l’un, ni l’autre, ne pouvoit se soutenir sur ses pieds. M. Lowther, que l’honneur avoit fait marcher sur les traces de Sir Charles, arriva le pistolet à la main, & descendit aussi-tôt à sa priere, pour examiner si leurs blessures étoient dangereuses. Le plus furieux des Assaillans voulut s’y opposer : mais Sir Charles arrêta son cheval par la bride ; & se tournant