Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
Histoire

seroit faire connoître, qu’elles ne vous déplairont point à vous-même.

» Vous pouvez donc vous imaginer, que je lâchai la bride à mon indignation. Il disparut avec l’audace de murmurer, & de marquer de l’humeur. Le mot de Diable sortit de sa bouche. Je demandai à Jenny, si c’étoit à moi qu’il l’avoit adressé ? Non, assurément, me répondit-elle : & voyez, chere Henriette, le mauvais effet de l’exemple sur les filles de cette sorte ; elle eut la hardiesse de parler en faveur de la tendresse d’un Mari. Cependant en toute autre occasion je lui vois faire la prude.

» Avant que ma colere fut appaisée, le hardi personnage ne fit pas difficulté de reparoître. C’est la pure vérité, Henriette. Comme vous ne faites rien de secret, me dit-il, je ne veux pas vous quitter. En vérité, Madame, vous me traitez mal. Mais, si vous permettez que je vous revoie demain au matin…

» Non, Monsieur.

» Seulement à déjeuner, ma chere ; & où ? chez Miss Byron. C’est une complaisance que je vous demande.

» Sa chere ! Dans le monde entier, je ne hais rien tant qu’un Hypocrite. Je savois que son dessein étoit de me mener aujourd’hui en visite, pour faire parade de sa nouvelle propriété, & je jugeai que me voyant en colere, il vouloit tout à la fois me nommer une maison agréable, se faire un mérite