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du Chev. Grandisson.

qu’ils ne s’affligeassent trop pour moi, & qu’ils ne crussent notre quérelle fort grave. Enfin, lorsque votre chaleur s’est appaisée, comme je le suppose, vous m’avez fait appeller. Sans doute, ai-je pensé, qu’il est tout à fait revenu à lui-même. Je me suis encore hâtée d’obéir…

Mylord. Et ne vous ai-je pas suppliée, Madame…

Mylady. Suppliée, Monsieur ! Oui ; mais avec des regards !… L’homme que j’ai épousé, permettez que je le dise, Monsieur, avoit un visage tout différent. Voyez, voyez, Émilie ; le voilà parti encore une fois.

En effet, Mylord est sorti dans un transport d’impatience. Oh ! ces hommes, ma chere ! s’écria-t-elle en regardant Émilie.

Je sais bien, m’a dit cette chere Fille, ce que j’aurois pu lui répondre ; mais on assure qu’il ne faut jamais entrer dans les quérelles conjugales.

La mésintelligence ne fit qu’augmenter jusqu’au lendemain. Émilie n’a pu me donner d’autres informations : mais lorsqu’elle achevoit son récit, on m’a remis le billet suivant de la part de Mylady G…

« Henriette, si vous avez pitié de moi, venez me voir à l’instant. J’ai grand besoin de votre conseil. Je suis résolue de faire casser mon mariage. Aussi ne veux-je souscrire que mon cher nom de

Charlotte Grandisson. »