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du Chev. Grandisson.

s’asseiant & s’adressant à moi, j’ai d’abord une question à vous faire ; car je ne veux chagriner personne.

Ô Madame ! vous n’en êtes pas capable, lui ai-je répondu. Mais quelle est cette question ?

Le Chevalier Grandisson, ma chere, vous a-t-il jamais fait quelqu’ouverture formelle ?

Non, Madame.

Je suis fort trompée, néanmoins, s’il ne vous aime. Voici sa réponse : dans les circonstances où je suis, quelque impression qu’ait pu faire sur moi le mérite de Miss Byron, je me croirois indigne du jour, si j’avois tâché d’engager son affection.

Ah Lucie ! que sa conduite avec moi se trouve noblement justifiée !

Ainsi, Monsieur, répliqua la Comtesse, vous ne vous offenserez point que mon Fils entreprenne de persuader à Miss Byron, qu’il n’est pas sans mérite, & que son cœur lui est dévoué.

M’en offenser ? Non, Madame. La justice & l’honneur ne me le permettent point. Puisse le Ciel faire trouver à Miss Byron, dans un heureux mariage, tous les biens qu’elle mérite. J’ai entendu parler fort avantageusement de Mylord D… Sa fortune répond à sa naissance. Il peut faire gloire de sa Mere… Pour moi, dont tous les sentimens sont divisés, qui ne sais ce que je puis, ni souvent ce que je dois, je me gar-