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Histoire

Mais elle ne m’a pas fait languir après le déjeuner. Je remarque votre embarras, chere Miss, m’a-t-elle dit d’un air fort tendre, & j’ai souffert pour vous, en le voyant augmenter. Mais il me fait connoître que Sir Charles m’a tenu parole. Je n’en doutois point. Il n’est pas surprenant, ma chere, que vous ayez pris de l’inclination pour lui. Dans les manieres, comme dans la figure, c’est le plus aimable homme que j’aie jamais vu. Une femme de vertu & d’honneur peut l’aimer sans reproche. Mais il n’est pas besoin que je vous fasse son éloge, ni à vous, Madame Reves.

Il faut vous apprendre, a-t-elle continué, qu’on me propose pour mon Fils une alliance dont j’ai fort bonne opinion ; mais je l’aurois meilleure encore, ma chere, si je ne vous avois jamais vue. J’en ai parlé à Mylord. Vous savez que je souhaite extrêmement de le voir marié. Il m’a répondu qu’aussi long-tems qu’il auroit quelqu’espoir de plaire à Miss Byron, il ne pouvoit entendre aucune proposition de cette nature. Approuveriez-vous, lui ai-je dit, que je prisse le parti de m’adresser directement au Chevalier Grandisson, pour savoir ses intentions de lui-même ? On le représente comme le plus ouvert des hommes. Il sait que notre caractere n’est pas moins irréprochable que le sien, & que notre alliance ne feroit point déshonneur à la premiere maison du Royaume. J’avoue que cette