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du Chev. Grandisson.

LETTRE LXIII.

Miss Byron à Miss Selby.

Samedi 15 d’Avril.

Ô Lucie ! Sir Charles nous a quittés. Il est parti. Il est monté en chaise dès trois heures du matin, dans la vue apparemment d’épargner à ses Sœurs, à ses deux Beau-Freres, à Mylord W… & sans doute à lui-même, le chagrin de leur séparation. Nous ne l’avons appris qu’à notre réveil. Si j’étois dans la disposition d’écrire, qui ne m’a jamais manqué qu’aujourd’hui, je pourrois m’arrêter sur mille circonstances, dont je ne suis capable de vous entretenir qu’en deux mots.

Le tems du dîner se passa hier assez agréablement. Chacun s’efforça du moins de paroître gai. Hélas ! de combien de peines est accompagné le plaisir d’aimer & d’être aimé ! Je ne le crois pas moins à plaindre que nous.

La Dame Italienne fut la plus pensive. Cependant Émilie… ah ! la pauvre Émilie ! Elle sortit quatre ou cinq fois pour pleurer ; mais je fus la seule qui s’en apperçut. Après le diner, je ne remarquai de bonne humeur que dans Sir Charles. Cependant elle me parut forcée. Il me demanda un air de Clavecin. Mylady L… eut la complaisance de jouer après moi. Mylady G… lui succéda.