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du Chev. Grandisson.

J’ai vu ma Mere, a commencé cette chere fille, & je me crois dans ses bonnes graces. Pourquoi ne croirois-je pas, Mademoiselle, que j’y ai toujours été ?

Chere Miss ! lui ai-je répondu, en la serrant contre mon sein, vous êtes une excellente Fille ! Apprenez-moi ce qui s’est passé.

Il faut, Lucie, que je vous représente aussi naturellement qu’il me sera possible, tous les mouvemens & les termes de l’aimable Créature, dans cette intéressante occasion.

Asseyez-vous, mon Amour, lui ai-je dit.

Quoi ? Mademoiselle ; lorsque j’ai à parler d’une Mere réconciliée ? & devant ma chere Miss Byron ? Non, en vérité.

Pendant son récit, elle tenoit souvent une main ouverte, tandis que du premier doigt de l’autre, elle pesoit dessus, avec une action fort vive ; & quelquefois elle les étendoit toutes deux, comme transportée de plaisir & d’admiration. Voici son exorde.

Il faut savoir, ma chere Miss Byron, qu’il étoit hier environ six heures du soir, lorsque ma Mere, son Mari, & le Capitaine Salmonet arriverent chez mon Tuteur. Je n’avois reçu avis de leur visite, que deux heures auparavant ; & lorsqu’ayant entendu le Carosse, j’eus ouvert la fenêtre pour les voir descendre, je me crus prête à m’évanouir. J’aurois donné la moitié de ce que je possede, pour être à cent mille de Londres. Le Docteur Barlet se présenta pour