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du Chev. Grandisson.

départ avoit été si grave ! Je suis montée dans mon Cabinet. Là, vous l’avouerai-je, Lucie ? après quelques soupirs involontaires, un déluge de larmes m’a soulagée. J’ai demandé, à genoux, la paix pour l’ame troublée de l’excellente Clémentine, de la résignation pour la mienne, & d’heureux jours pour Sir Charles. Ensuite, m’ayant essuyé les yeux devant mon miroir, je suis retournée vers M. & Madame Reves, qui n’ont pu voir la rougeur de mes yeux, sans m’en demander la cause, avec les marques d’une profonde inquiétude. Je leur ai dit ; l’orage est passé, mes chers Parens. Je ne saurois le blâmer. Il est noble, il est juste. Ne m’en demandez pas davantage à présent. Vous lirez ma Lettre, qui contiendra tous les détails.

Je suis remontée pour écrire, & je n’ai quitté la plume que pendant le tems du dîner. Enfin, lasse, agitée, mécontente de moi-même sans savoir pourquoi, j’ai porté ma Lettre à M. & Madame Reves. Tenez, leur ai-je dit ; lisez si vous le pouvez, & faites-la partir promptement pour ma chere Lucie. Cependant, sur une seconde réflexion, je veux la montrer aussi, ai-je ajouté, aux deux cheres Sœurs & à Mylord L… Ils seroient fâchés de ne pas savoir tout ce qui s’est passé dans une conversation, dont toutes les circonstances demandoient une délicatesse, que je crains de n’avoir pas si bien observée que lui.