nous entendîmes le Dialogue suivant :
Camille. Mais pourquoi, Mademoiselle, pourquoi vouloir que je vous quitte ? Vous savez combien je vous aime. Vous avez toujours pris plaisir à converser avec moi : quelle offense ai-je commise ? Je n’entrerai point dans ce Temple, si vous me le défendez ; mais je ne puis, je ne dois point m’éloigner.
Clément. Affectation déplacée. Croyez-vous qu’il y ait un plus grand tourment pour moi que cette persécution ? Si vous m’aimiez, vous ne chercheriez qu’à m’obliger.
Cam. Je n’ai pas d’autre passion, ni d’autre soin, ma chere Maîtresse.
Clément. Laissez-moi donc, Camille. Je me trouve mieux lorsque je suis seule. Je me sens plus tranquille. Vous me poursuivez, Camille ; vous vous attachez à moi comme une ombre. En vérité, vous n’êtes que l’ombre de l’obligeante Camille que vous étiez.
Cam. Ma très-chere Maîtresse ! je vous supplie…
Clém. Allez-vous recommencer vos supplications ? Encore une fois, laissez-moi si vous m’aimez. N’ose-t-on me confier à moi-même ? Quand je serois une vile créature, qu’on soupçonne de quelque mauvais dessein, vous ne m’observeriez pas avec plus d’attention. Camille vouloit continuer cet entretien ; mais un ordre absolu l’obli-