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Histoire

Grandisson, que nous ne pouvons plus tirer d’elle que des oui & des non ? Il n’est plus possible de l’engager dans la moindre conversation, pas même sur la nouvelle Langue que vous lui avez apprise, & pour laquelle nous lui avons vu tant de goût. Essayez de la faire parler. Mettez-la sur quelque sujet.

Oui, Chevalier, me dit la Marquise ; parlez-lui, faites naître quelque sujet qui soit capable de l’attacher. Nous l’avons assurée que nous ne lui parlerons plus de mariage, jusqu’à ce qu’elle soit disposée elle-même à recevoir nos propositions. Ses yeux en larmes nous en ont fait des remercîmens. Elle nous remercie par une révérence, lorsqu’elle est debout ; & par une inclination de tête, lorsqu’elle est assise ; mais il ne sort pas un mot de sa bouche. Elle paroît inquiéte & gênée, lorsque nous lui parlons. Voyez ! elle entre dans le Temple Grec. La pauvre Camille lui parle, & n’obtient pas de réponse. Je ne crois pas qu’elle nous ait vus. Avançons-nous, par ce détour, jusqu’au petit bois de Myrthe, d’où nous pourrons entendre ce qui se passe.

En marchant, la Marquise me raconta que dans leur dernier voyage à Naples, un jeune Officier, nommé le Comte de Marcelli, homme aimable, mais sans fortune, avoit aspiré secrettement au cœur de leur Clémentine. Ils ne l’avoient su que depuis peu, par l’aveu de Camille, qui raisonnant avec eux sur la cause de cette profonde