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du Chev. Grandisson.

Quoi ? Mademoiselle, vous n’en pouvez rien rappeller !

Laissez-moi réfléchir un moment… Hé bien, j’ai pensé d’abord que vous me méprisiez. Ce n’est pas ce qui m’a chagrinée, je vous le proteste. Au contraire, cette idée m’a servi. Je suis fiere, Monsieur : j’ai pris le dessus, & je suis devenue fort tranquille. Vous voyez quelle est ma tranquilité. Cependant, disois-je en moi-même, ce pauvre Chevalier, soit qu’il me méprise ou non… je veux vous découvrir toutes mes pensées, Monsieur : mais qu’elles ne vous affligent point. Vous voyez que j’ai l’esprit tranquille. Cependant je ne suis qu’une Fille foible. Vous passez pour un homme sage. Ne faites pas déshonneur à votre sagesse. Un homme sage seroit-il plus foible qu’une simple fille ? Que jamais ce reproche… mais qu’avois-je commencé à vous dire ?

Ce pauvre Chevalier, disiez-vous, Mademoiselle.

Oui, oui. Ce pauvre Chevalier, disois-je, a reçu du Ciel une belle ame ! Il a pris beaucoup de peine à m’instruire. N’en prendrai-je point aussi pour sa conversion ? J’avois recueilli quantité de passages, & d’excellentes pensées. Ma tête en étoit remplie… cette impertinente Camille m’a fait tout oublier. Cependant il m’en reste quelque chose : oui : je m’en souviens. Je voulois vous dire pour conclusion de mon