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du Chev. Grandisson.

santie sur lui ? Cependant il en coûte peut-être à ceux qui souffrent… Voyons : c’est à moi d’examiner si j’ai pardonné du fond du cœur à sir Hargrave Pollexfen. Je ferai quelque jour cet examen.

Vous avez donc pris le deuil, Madame ? Dirai-je que ce fut miss Caroline qui lui fit cette question, & qui ajouta : & le grand deuil même ; vos titres sont apparemment dans le lieu de votre demeure.

Je vous ai dit, ma chere, que bien des gens donnoient à Madame Oldham le nom de Mylady Grandisson ; & que sa naissance, son éducation, son esprit, quoique trop foibles pour soutenir sa vertu contre la nécessité & la tentation, auroient pu la faire aspirer à ce titre.

Elle répondit modestement : mon deuil est réel, Mesdemoiselles ; mais je vous assure que je n’ai jamais pris un titre, auquel je n’ai jamais eu la moindre pensée de me procurer des droits. Le Public, répliqua miss Charlotte, vous fait donc une grande injustice. Alors la triste Oldham remit aux deux Sœurs les clés du garde-meuble, de l’office & des caves, que personne n’avoit pensé à lui redemander lorsqu’elle avoit quitté le Château, & leur demanda pardon, encore une fois, de s’être présentée devant elles sans y être attendue. Elles firent prendre les clefs par une de leurs femmes. J’entends mon Frere, dit Caroline. Vous allez savoir, Madame, ajouta Char-