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Histoire

des autres. Madame Oldham pleura fort amerement, & fit des plaintes de cette rigueur : mais loin d’exciter la pitié de M. Grandisson, elle fut renvoyée à l’arrivée du jeune Chevalier, dont on lui fit craindre une justice encore plus sévere. Elle en appella aux deux Sœurs, qui lui reprocherent la vie qu’elle avoit menée contre ses propres lumiéres, & sur tout l’abus qu’elle avoit fait de la confiance de leur Pere, pour lui inspirer, à l’égard de ses Enfans, une cruauté qui n’étoit pas dans son naturel. Des filles si bien nées avoient raison, sans doute, de chercher des excuses pour la conduite de leur Pere : mais la malheureuse Oldham paya pour tout.

Je me laisse tellement entraîner par l’intérêt que je prends à cette Histoire, qu’il ne m’est point encore arrivé de l’interrompre, pour vous parler de l’agrément avec lequel nous vivons ici. Les deux Sœurs apportent tous leurs soins à me faire trouver le tems trop court. Miss Émilie me paroît charmante, par la douceur de son naturel, & par je ne sais quoi de simple & d’enfantin, qu’on ne croit pas devoir attendre de la grandeur de sa taille. Mylord L… est l’homme aimable & judicieux que je vous ai déja représenté.

Mais il est Vendredi matin ; & point de Sir Charles ! Cantorbery doit être une Ville bien séduisante. Avez-vous jamais été à Cantorbery, ma chere ?