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du Chev. Grandisson.

qu’il lui avoit parlé du retour de son Fils, & souhaitoit de quitter le séjour d’Essex, dans la crainte de se rendre aussi odieuse au jeune Grandisson qu’elle l’étoit à ses deux Sœurs. Dans cette variété d’inquiétudes, il crut devoir commencer par se défaire de son ancienne Maîtresse ; & prenant le chemin d’Essex, avant que d’avoir signé son nouveau Traité avec les Tantes de Miss Orban, il résolut, pour fournir à tant de frais, de faire abattre une magnifique futaye, qui attendoit, disoit-il, impatiemment la coignée, & qu’il avoit toujours réservée, néanmoins, comme une ressource qui devoit aider son Fils à nettoyer une partie de sa succession.

Il arriva dans sa Terre d’Essex. Mais là, tandis qu’il étoit rempli de ses projets, & qu’il commençoit à traiter paisiblement avec Madame Oldham, qui prenoit ce changement pour le présage d’une véritable réformation, il fut attaqué d’une fievre violente, qui le priva, dans l’espace de trois jours, de cette force de corps & d’esprit dont il avoit si long-tems abusé. Son Intendant Anglois prit la poste aussi-tôt, dans l’espérance de lui faire signer ses comptes. Mais l’empressement avec lequel il se présenta au château, fit naître des soupçons, qui ne permirent point à Madame Oldham de lui accorder la vue de son Maître. Filmer, qui étoit allé au-devant de Madame Orban, pour l’amener à Londres, & la faire assister à la conclusion de l’infâme