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Histoire

droit de leur Histoire, lorsqu’on m’a remis les Lettres de ma Grand-Mere & de ma Tante. Vous jugerez, par ma réponse, de l’émotion qu’elles m’ont causée. Je n’ai pu la déguiser, & les deux Sœurs en ont voulu savoir la cause. Je leur ai dit d’où ces Lettres venoient, & que ma Tante devoit faire, Samedi prochain, ma réponse à Mylady D… Elles m’ont permis de me retirer pour vous écrire. Mais, après le départ du Messager, elles m’ont demandé quelle étoit ma résolution ? Je n’ai pas fait difficulté de leur dire que j’avois confirmé mon refus. Miss Grandisson a levé les mains & les yeux : ensuite jettant sur moi un regard pénétrant ; vous nous apprendrez la vérité, m’a-t-elle dit, mais je prévois que nous ne la saurons pas entiere. J’ai rougi. Elle a continué de me regarder. Ah, chere Henriette ! a-t-elle repris d’un air mystérieux. Chere Miss Grandisson ! ai-je répondu naturellement. Vous ne me persuaderez pas, a-t-elle ajouté, qu’il n’y ait dans Northampton-Shire, quelque homme dont nous n’avons point encore entendu parler.

Cette conclusion m’a rendue un peu plus tranquille. Cependant la curieuse Miss auroit-elle quelque chose en vue ! Je la crois trop généreuse pour se faire un jeu de ma situation, quand elle me croiroit quelque foiblesse. Ma crainte est pour ma santé, qui n’est plus telle que je l’ai toujours eue. Je ne suis plus aussi heureuse que je l’étois