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du Chev. Grandisson.

vous fussiez présente, pour vous faire tirer une bonne leçon de la folle conduite de votre Sœur. Mylord est un incendiaire, un voleur. Il a mis le feu dans ma Maison. Il m’a dérobé l’affection de l’Aînée de mes Filles, par un artifice usé, en prétendant qu’il ne lui demandoit rien qu’avec mon approbation. Je ne veux pas de lui, & j’espere qu’on ne me contestera point le droit de suivre mes volontés. Cependant une Rebelle ose me déclarer qu’elle n’aura point d’autre Mari. N’ai-je donc élevé mes deux Filles, jusqu’à l’âge où je devrois en attendre quelque secours & quelque consolation ; n’ai-je vécu dans le veuvage en leur faveur, que pour m’en voir enlever une par un homme que je rejette, & pour entendre l’autre qui appelle sa Mere au secours, du fond de son tombeau, contre la tirannie d’un Pere ? Que dois-je attendre, à l’avenir, de l’une & de l’autre ? Mais c’est à quoi je n’aurai point la folie de m’exposer. Vous me quitterez toutes deux. Quittez-moi. Quittez cette Maison. Cherchez votre fortune ailleurs. Vous pouvez prendre vos habits & tout ce qui vous appartient ; mais gardez-vous de toucher à ce qui m’est resté de votre Mere. Je vous donnerai à chacune cinq cens guinées à prendre chez mon Banquier. Lorsque vous serez à la fin de cette somme, j’apprendrai quelle sera votre conduite, & je verrai ce que je dois faire de plus.