Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
du Chev. Grandisson.

qu’il n’a rien manqué à mon respect. Je ne le suis pas moins de n’avoir pas fait déshonneur à ma famille, en recevant les propositions conditionnelles de Mylord…

Sir Th. Conditionnelles ! Folle que vous êtes ! Ne sont-elles pas absolues, lorsqu’elles ne laissent rien à mon choix ? Mais j’ai toujours éprouvé qu’un homme, qui s’abaisse à raisonner avec une femme, particulierement sur certains points où la nature a plus de part que la raison, doit s’attendre à la suivre par mille détours, & à se trouver rejetté bien loin du terme, lorsqu’il croyoit y toucher. Il faut qu’il se contente, à la fin, de revenir prendre haleine dans le lieu d’où il est parti ; tandis qu’elle voltige à l’entour, & qu’elle est prête à lui faire recommencer une nouvelle course.

Miss Carol. J’espere, Monsieur…

Sir Th. Laissons les espérances, Mademoiselle. Il me faut des certitudes. Puis-je compter… Mais je vous amenerai, si je puis, à raisonner juste, toute femme que vous êtes. Puis-je recevoir pour vous des propositions de tout autre homme ? Répondez, oui ou non. N’en usez point avec moi comme les filles avec le commun des Peres. Ne commencez point par désobéir, dans la confiance que j’aurai la foiblesse de vous pardonner. Je ne suis point un Pere ordinaire. Je connois le monde. Je connois votre sexe. J’y ai trouvé plus de folles que je n’en ai fait. Les femmes n’ont pas besoin du