Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
du Chev. Grandisson.

bras croisés comme deux folles. Asseyez-vous, quand je vous l’ordonne, répéta-t-il. Vous êtes toutes deux extrêmement humbles. J’ai à vous parler. Les deux folles se remirent sur leurs chaises.

Miss Charlotte m’a dit ici qu’elle ne pouvoit continuer cette partie de sa narration, sans la mettre en dialogue ; & que pour me faire connoître les Interlocuteurs, elle prendroit le ton de chacun, c’est-à-dire, un ton humble pour sa Sœur, un ton moins radouci pour elle-même, & le ton impérieux pour son Pere. C’est ce qu’elle a fait d’une maniere fort plaisante. Mais pour suppléer à cette variété, je mettrai le nom de chacun à la tête de ce qu’elle lui fait dire.

Sir Thomas. Quelle sorte de congé Mylord L… a-t-il pris de vous, Caroline ? Il a laissé un billet pour moi. Vous a-t-il écrit aussi ? J’espere qu’il n’aura pas cru vous devoir un adieu de bouche, lorsqu’il s’en est dispensé pour moi.

Miss Charlotte. Il vous a cru, Monsieur, fort irrité contre lui. (La pauvre Caroline n’étoit pas encore prête à répondre.)

Sir Th. Et n’a pas cru votre Sœur si mal disposée. Fort bien. Quel adieu vous a-t-il fait, Caroline ? C’est à vous que je parle… fille, femme, car je ne sais quel nom je dois vous donner.

Miss Charl. J’ose vous assurer, Monsieur, que Mylord n’a pas eu dessein de vous offenser.