LETTRE LVIII.
Miss Byron à Miss Selby.
Mes tristes sentimens m’ont forcée de quitter la plume : il faut que je commence une seconde Lettre. Je ne m’étois pas proposé de finir l’autre à l’endroit où je me suis arrêtée.
Sir Charles, voyant combien j’étois attendrie, a paru oublier sa propre douleur, pour applaudir à ce qu’il a nommé mon humanité. Je vous ai renvoyée plusieurs fois, m’a-t-il dit, aux explications du Docteur Barlet. Je le prierai de vous communiquer tous les détails qu’il a reçus de moi, dans une correspondance sans réserve. Vous, Mademoiselle, qui vous faites un si doux amusement d’entretenir vos Amis par vos Lettres, peut-être trouverez-vous, dans une histoire de cette nature, de quoi satisfaire leur curiosité. Je puis me reposer sur leur discrétion. Ne sont-ils pas du même sang que vous ? C’est un bonheur pour moi, de contribuer à leur satisfaction comme à la vôtre.
Je l’ai remercié par une inclination : je n’étois pas capable d’autre chose.
Je vous ai dit, Mademoiselle, que je suis engagé fort loin par la compassion, mais que