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du Chev. Grandisson.

que dans les momens qu’elle employoit à prendre des leçons d’une langue, qui vraisemblablement, ajouta cette Dame, ne devoit jamais être d’aucun usage pour elle.

[Ajouta cette Dame… ah Lucie !]

Sa mélancolie ne fit qu’augmenter. On pria le précepteur de faire quelques tentatives, pour découvrir le sujet de ses peines. Il eut cette complaisance, quoiqu’il en sentît les difficultés. Elle n’eut aucun succès. Tout le monde croyoit s’appercevoir que Clémentine prenoit un air serein, lorsqu’elle étoit avec lui ; mais elle parloit peu. Cependant elle paroissoit prendre plaisir à l’entendre ; & quoiqu’il ne lui parlât qu’Italien ou François, les courtes réponses qu’il obtenoit d’elle étoient toujours dans la nouvelle langue qu’elle avoit apprise. Au moment qu’il la quittoit, elle changeoit de visage, & toute son étude étoit à trouver l’occasion de se dérober à la compagnie.

(Que pensez-vous de mon courage, chere Lucie ? Mais la curiosité me soutenoit. Lorsqu’il sera tems de réfléchir, disois-je en moi-même, je rappellerai tout sur mon oreiller.)

Ses Parens étoient dans la plus profonde affliction. Ils consulterent les Médecins, qui prononcerent tous que sa maladie étoit l’amour. On lui fit cette déclaration, en lui promettant toute l’indulgence que son cœur pouvoit désirer pour l’objet : mais elle