Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
Histoire

berté d’entretenir leur Fille. Mais cette curiosité ne leur fit rien entendre qui pût leur déplaire.

Le tems de mon départ n’étant éloigné que de quelques jours, & Clémentine s’obstinant à rejetter le Comte de Belvedere, Jeronimo, toujours sans m’en avertir, & dans la persuasion que je recevrois avec joie l’honneur qu’il pensoit à me procurer, se déclara ouvertement en ma faveur. On lui fit les objections qui se présentoient d’elles-mêmes, c’est-à-dire, celles qui regardoient mon pays & ma Religion. Il demanda la commission de s’expliquer avec moi sur ces deux points, & d’approfondir les motifs qui faisoient refuser le Comte de Belvedere à sa Sœur. On ne lui promit point de me mettre à l’épreuve qu’il désiroit ; mais la Marquise entreprit de parler elle-même à sa fille, & de lui demander les raisons qui sembloient lui donner du dégoût pour tous les partis qui s’offroient.

Le même jour, elle la fit appeler dans son Cabinet. Elle ne put tirer d’elle que des larmes.

Un silence dont on ignoroit la cause, avoit paru marquer, depuis quelques jours, que son cœur étoit dans une profonde mélancolie. Elle s’offensoit, lorsqu’on l’attribuoit à l’amour. Cependant sa Mere me dit, qu’elle la soupçonnoit d’être engagée dans cette passion sans le savoir. Elle me fit remarquer qu’on ne lui voyoit plus de gaieté,