Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
du Chev. Grandisson.

téressoient moins au succès du Prétendant. Je fus confirmé dans ce dessein par des Lettres de Florence, qui m’apprenoient ce que j’avois à craindre de la Signora Olivia : son ressentiment, que je croyois éteint depuis que j’avois quitté cette Ville, s’étoit rallumé sur les informations qu’elle avoit eues de mon séjour à Boulogne. M. Jervins, qui me donnoit cet avis, ajoutoit qu’avec moins de discrétion qu’il ne convenoit à la fierté de son caractere, elle parloit ouvertement de sa vengeance. La Marquise fut la premiere à qui je communiquai le projet de mon départ. Elle en parut affligée ; & ne consultant d’abord que ce sentiment, elle me pressa de lui accorder du moins quelques semaines. Mais elle me fit bientôt entendre, avec une franchise qu’elle crut devoir à la mienne, la crainte qu’elle avoit, elle & son Mari, que je n’eusse pris de l’amour pour leur Clémentine. Je l’assurai que l’honneur m’avoit servi de défense ; & de son côté, elle en convainquit si parfaitement le Marquis, que sur l’éloignement qu’ils trouverent à leur fille pour les offres du Comte de Belvedere, ils pousserent la confiance jusqu’à me prier de lui parler en sa faveur. Je ne pus leur refuser ce service, & j’eus avec elle une conférence, dont M. Barlet vous fera lire le récit, si vous en prenez la peine. Le Pere & la Mere ne m’avoient pas dit qu’ils devoient se placer dans un Cabinet voisin de la Chambre où j’eus la li-