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Histoire

reste, la différence de Religion, l’attachement si remarquable de Clémentine à la sienne, qu’on avoit eu peine à lui ôter la pensée de prendre le voile, & qu’un jour, m’entendant avouer les principes de la mienne, elle avoit dit, avec une espèce de colere, qu’elle regrettoit qu’un la Porretta dût la vie au courage d’un Hérétique ; toutes ces considérations l’emportoient trop sur l’espérance qu’un cœur aussi sensible que le mien auroit pu concevoir, des faveurs qu’on me prodiguoit continuellement.

Ce fut vers le même tems, que les derniers troubles éclaterent en Écosse. On ne s’entretenoit que de cette nouvelle en Italie. J’eus à soutenir la joie & le triomphe de tout ce qu’il y avoit de personnes de considération dans les intérêts du jeune Prétendant. Chaque avis qui venoit de la part des rebelles, sembloit annoncer le rétablissement de la Religion Romaine ; & Clémentine se réjouissoit de l’espérance de voir bientôt rentrer son Précepteur Hérétique dans le sein de son Église. J’essuiai, du matin au soir, des félicitations de cette nature, dont elle prenoit plaisir à me tourmenter dans la Langue que je lui avois apprise, & qu’elle commençoit à parler facilement. Mon zéle, pour le Gouvernement sous lequel j’étois né, me fit prendre la résolution de quitter pour quelque tems l’Italie, & de me retirer à Vienne, ou dans quelqu’une des Cours d’Allemagne qui s’in-