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Histoire

cœur sur toutes ses affaires, & qui n’entreprenoit rien sans me consulter. Le Marquis, dont je ne puis trop louer la politesse, n’étoit jamais plus satisfait que lorsqu’il me voyoit au milieu de sa famille ; & dans les momens mêmes où nous n’étions point occupés de nos lectures, la belle Clémentine s’attribuoit le droit d’accompagner sa Mere. Vers ce tems, on apprit que le Comte de Belvedere étoit revenu à Parme, pour s’établir dans le lieu de sa naissance. Son Pere, qui avoit joui d’une grande faveur auprès de la Princesse de Parme, & qui l’avoit suivie à la Cour d’Espagne, y étant mort depuis peu, ce jeune Seigneur n’avoit rien eu de si pressant que de retourner dans sa Patrie, avec les immenses richesses qui composoient sa succession. Dans un voyage qu’il fit bientôt à Boulogne, il vit Clémentine ; & rapportant d’Espagne un cœur libre, il en devint amoureux. Le Comte de Belvedere est un homme aimable. Sa fortune & ses qualités naturelles ne pouvoient donner d’éloignement pour son alliance. Le Marquis parut disposé à l’approuver. La Marquise me fit l’honneur de m’en parler plusieurs fois. Elle se croyoit peut-être obligée de savoir là-dessus mes sentimens, parce que Jeronimo avoit déclaré, sans ma participation, qu’il ne connoissoit pas d’autre moyen, pour reconnoître les services que j’avois rendus à la famille, que de m’y faire entrer par une alliance. Le Docteur Barlet vous convaincra,