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du Chev. Grandisson.

eu l’indignité de vous insulter : mon Libérateur me pardonnera-t-il ? Vous disposerez de ma vie, vous en serez le guide, si le Ciel me la rend.

Ses blessures ne se trouverent pas mortelles, mais il ne reviendra jamais ce qu’il étoit ; soit pour n’avoir pas reçu des secours assez prompts ; soit pour en avoir retardé l’effet par son impatience ; sur-tout à la blessure de la hanche, dont il n’est point encore rétabli. Pardonnez ce détail, Mademoiselle ; il appartient nécessairement au sujet, & le Signor Jeronimo est dans une situation qui mérite toute votre pitié.

Je le conduisis à Crémone, où sa foiblesse l’obligea de s’arrêter. Il y reçut la visite de toute sa famille, qui vint de Boulogne avec le plus vif empressement. On n’a jamais vu plus d’affection entre les personnes du même sang. La disgrace de l’un est celle de l’autre. Jeronimo étoit excessivement aimé de son Pere, de sa Mere, de sa Sœur ; & la douceur de ses manieres, son caractere liant, l’enjouement & la vivacité de son esprit, faisoient rechercher son amitié de tout le monde. Vous jugerez aisément, Mademoiselle, du prix qu’on attacha au service que j’avois eu le bonheur de lui rendre. Je fus comblé de carresses & de bénédictions ; & plus encore, lorsqu’on eut appris que j’étois le même, dont Jeronimo avoit fait tant de fois l’éloge à sa Sœur & à ses Freres, dans le tems de notre liaison. Il leur raconta l’occasion de